Face à la diminution du nombre de nouveaux étudiants dans les écoles théologiques, les responsables se mobilisent pour proposer une nouvelle approche de formation.


«Avec le temps, on sait désormais qu’il ne faut plus parler de “crise des vocations”, parce qu’elle n’est pas réelle. Ce n’est pas le nombre d’appelés qui fait défaut, mais bel et bien les modèles de ces vocations qui doivent évoluer et nourrir notre action.» D’emblée, Michel Siegrist, enseignant à la HET-PRO et ancien directeur de la LLB Suisse, oriente la conversation vers la recherche de pistes pratiques.

Le 5 novembre dernier, le Réseau évangélique suisse (RES), en collaboration avec la HET-PRO, a publié la brochure «Pasteur 2.0», un dossier d’étude sur la suite à donner au ministère pastoral dans nos milieux évangéliques, en réponse à un manque de relève généralisé parmi les Eglises évangéliques de Suisse romande. «Nous n’en sommes plus au stade de la constatation, mais à celui d’une réflexion aboutissant sur une proposition», commente Michel Siegrist qui, avec Christian Kuhn, directeur du RES, a rédigé le document de travail. Et cette proposition, c’est de repenser le modèle. «Le même problème est constaté chez les réformés et les catholiques. Il est arrivé plus tard dans les milieux évangéliques mais est bien présent aujourd’hui. L’heure est aux solutions.»

Des «tensions créatives»

Ce document à destination des institutions, des Eglises et des évangéliques romands – et au-delà, puisque le document est en cours de traduction par Freikirchen.ch du côté suisse allemand –, propose une analyse détaillée des causes de ce phénomène, des solutions et des suggestions. Par exemple, pour contrer le fossé qui se creuse entre l’Eglise et le monde académique, les auteurs de «Pasteur 2.0» proposent «une tension créative vers un partenariat entre la formation ministérielle et la théologie universitaire». Autre exemple: pour diminuer la distance entre le séculier et le sacré, «une tension créative vers une inspiration mutuelle entre le séculier et le sacré», en prônant notamment le «besoin de théologies publiques qui abordent l’agenda du monde et donnent aux membres de l’Eglise les moyens d’agir de manière réfléchie dans les sphères de leur vie quotidienne.»

«On fait face à un changement de culture», note encore Michel Siegrist. Il explique que «la jeune génération appréhende son rapport au travail et à sa vie de famille différemment que les générations précédentes».

Du théorique au pratique

Un autre élément clé du document réside dans l’approche par compétences. Il s’agit d’une méthode éducative plaçant l’accent sur le développement de compétences spécifiques et applicables plutôt que sur la transmission de connaissances majoritairement théoriques. Déjà mise en œuvre à la HES-SO de Sierre, par exemple, elle vise à former les apprenants de manière pratique et contextuelle pour qu’ils soient capables de mobiliser leurs savoirs, savoir-faire et savoir-être dans des situations concrètes de la vie personnelle, professionnelle ou sociale.

Dans le document publié par le RES et la HET-PRO, une liste des huit compétences nécessaires à toute personne désireuse de s’engager dans un ministère ecclésiastique se décline comme suit: Eglise et société, vie de l’Eglise envoyée, leadership, vie de l’Eglise assemblée, spiritualité personnelle, accompagnement, prise de parole, exégèse et théologie.

«Nous avons décidé de placer la théologie au même niveau que les sept autres compétences, cela n’échappera à personne», anticipe Michel Siegrist. «La question ouverte est désormais celle de savoir s’il est possible de définir une sorte de minimum requis en formation théologique.» Avis donc aux Eglises, évangéliques au sens large et institutions évangéliques romandes de formation en théologie. Ces dernières seront d’ailleurs prochainement contactées par les auteurs du document pour une réflexion commune.


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