La marathonienne ougandaise Rebecca Cheptegei est décédée jeudi 5 septembre des suites de ses brûlures, quatre jours après qu'un homme présenté comme son compagnon l'a immolée par le feu.


Elle revenait tout juste des Jeux Olympiques de Paris. Rebecca Cheptegei, athlète ougandaise, résidant au Kenya est décédée jeudi 5 septembre des suites des blessures infligées par son compagnon Dickson Ndiema Marangach.

Dimanche, Rebecca Cheptegei rentrait de l'Église avec ses deux enfants lorsqu'elle a été aspergée d'essence par son agresseur. Ce dernier s'était introduit chez elle en leur absence. L'homme a ensuite mis le feu sous les yeux des deux fillettes âgées de 9 et 11 ans, selon le quotidien kényan The Standard.

Les blessures de Rebecca Cheptegei "couvraient la majeure partie de son corps", a expliqué Kimani Mbugua, médecin responsable de l'unité de soins intensifs au Moi Teaching and Referral Hospital (MTRH) de la ville d'Eldoret. "Cela a entraîné une défaillance de plusieurs organes, a-t-il poursuivi. Nous avons fait de notre mieux, mais nous n'avons pas réussi (...) Étant donné son âge et ses brûlures à plus de 80%, les espoirs de guérison étaient minces".

Un acte lâche et insensé qui a conduit à la perte d'une grande athlète

La marathonienne vivait avec sa sœur et ses deux enfants dans une maison qu'elle avait faite construire à Endebess, localité située à 25 kilomètres de la frontière ougandaise où elle s'entraînait. Selon le père de Rebecca Cheptegei, Joseph, l'attaque visant sa fille avait pour origine un différend au sujet de ce même terrain. Dans une déclaration, ce dernier a demandé "au gouvernement de prendre soin de sa propriété et de ses enfants."

Les réactions du monde de l'athlétisme sont nombreuses. L'athlète roumaine d'origine kényane Joan Chelimo s'est par exemple dite "profondément bouleversée et indignée par l'attaque horrible qui a coûté la vie à Rebecca Cheptegei", dans un message sur Instagram.

"Cette violence insensée doit cesser. En tant qu'athlète et militante contre la violence sexiste, mon engagement pour sensibiliser et œuvrer pour un avenir où chacun peut vivre sans craindre la violence reste inébranlable", ajoute la vice-championne d'Europe du semi-marathon, qui a cofondé Tirop's Angels, association créée au Kenya par des athlètes pour lutter contre les violences faites aux femmes après la mort d'Agnes Tirop.

Le président du comité olympique ougandais Donald Rukare a lui dénoncé dans un message sur X "un acte lâche et insensé qui a conduit à la perte d'une grande athlète", en affirmant : "Nous condamnons fermement les violences faites aux femmes". "Son décès prématuré et tragique est une perte profonde", a regretté son homologue kényane (Athletics kenya) en réclamant également "la fin de la violence sexiste", dans un communiqué.

Rebecca Cheptegei vient allonger la liste des athlètes de la région décédée des suites de féminicides. En octobre 2021, la mort d'Agnes Tirop, 25 ans, double médaillée de bronze mondiale du 10.000 m (2017, 2019) et 4e des JO de Tokyo sur 5.000 m, avait bouleversé le monde de l'athlétisme au Kenya, où ce sport est roi. La jeune femme avait été retrouvée poignardée à mort à son domicile d'Iten, célèbre lieu d'entraînement pour la course de fond sur les plateaux de la vallée du Rift. Son mari Emmanuel Ibrahim Rotich est poursuivi pour meurtre. Il nie les accusations. Son procès est en cours.

Selon une étude de l'agence kényane de la statistique (KNBS) publiée en janvier 2023, 34% des femmes vivant au Kenya ont subi des violences physiques depuis leurs 15 ans. Les femmes mariées "sont beaucoup plus susceptibles d'avoir subi des violences", estimait cette étude, soulignant que 41% des femmes mariées ont signalé de tels faits contre 20% des femmes célibataires.

 

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